La Toscane française

Vignes, cathédrales, villages à flanc de rocher : la région Midi-Pyrénées ressemble un peu à l’Italie. A elle seule, Albi vaut le détour, juge La Repubblica.

Les toits roses de Toulouse, une croisière tranquille sur le canal du Midi, puis les vignobles de Gaillac.

L’éperon rocheux sur lequel se dresse Cordes-sur-Ciel, un des plus beaux villages de France, ou encore l’atmos­phère très italienne qui imprègne Albi, la San Gimignano [petite ville médiévale de Toscane] française, comme on la surnomme. “Ici, un artiste pourrait peindre une année entière sans jamais se répéter”, disait Lawrence d’Arabie. Bienvenue en Midi-Pyrénées, à deux pas de l’Espagne, une région où alternent joyaux de l’art gothique et paysages très doux, marqués par une procession de vignes ! Pour explorer la région, le point de départ est évidemment Toulouse.

On l’appelle la Ville rose, et cela pour une raison que l’on découvre dès l’arrivée. Ce qui marque ici le visiteur, ce sont les couleurs : avant tout le rouge.

Des toits aux façades des immeubles, partout des briques rouges. Même la façade du Capitole, l’hôtel de ville, arbore huit colonnes de marbre rose. Mais il n’y a pas que du rouge ou du rose : l’autre couleur dominante est le bleu pastel, teinture issue d’une plante (Isatis tinctoria) [la guède] dont la culture, au XVIe siècle, fit la fortune de cette région.

C’est en effet grâce aux bénéfices engendrés par le commerce du pastel que furent érigés les plus beaux édifices du centre-ville, commandés par les marchands de l’époque, qui, dit-on, rivalisaient pour construire la plus belle demeure. Et aujourd’hui, en souvenir ou en guise d’hommage, les balustrades des balcons de nombreux immeubles resplendissent de ce bleu pastel.

Colorée, donc, mais jeune aussi, dynamique : Toulouse est une ville qui ne dort jamais. Pas même la nuit, comme le montrent les plus de cent mille étudiants – Toulouse est le troisième pôle universitaire du pays, après Paris et Lyon – qui déambulent tard le soir jusqu’à la fermeture des bars. La ville ne dort pas non plus en automne, animée par de multiples festivals, rendez-vous, spectacles. C’est le cas, par exemple, du Printemps de septembre, qui, pendant trois se­maines, de la fin septembre à la mi-octobre, anime, grâce à ses multiples performances, les rues du centre et le musée d’art contemporain Les Abattoirs, situé sur les rives de la Garonne.

Mais quittons Toulouse, car, aux environs, une destination obligatoire nous attend : Albi, inscrite l’été dernier au Patrimoine mondial de l’Unesco.

Avec son Pont-Vieux, cette ville reflétée par la rivière [le Tarn] ressemble à un coin de Toscane transporté dans le sud-ouest de la France. Pour s’y rendre, il faut traverser la vallée du Tarn, ponctuée de vignobles, où, en chemin, Gaillac constitue une étape intéressante : c’est cette commune qui donne son nom à l’un des vins les plus célèbres de la région. Si vous avez du temps, vous pouvez vous permettre une excursion dans le Parc naturel régional du Haut-Languedoc. Et vous ne manquerez pas non plus de vous arrêter à Cordes-sur-Ciel, minuscule village digne d’un conte, perché sur les rochers et qui semble se dresser vers le ciel.

Enfin, c’est un véritable paysage de crèche qui s’ouvre à nous quand Albi apparaît à l’horizon : les vieilles maisons à claie, les ruelles, le bâtiment abritant le musée Toulouse-Lautrec, agrémenté de jardins à la française. Le tout dominé par la cathédrale Sainte-Cécile, chef-d’œuvre gothique : c’est la construction en brique la plus grande du monde, les murs et la voûte sont peints. Mais la façon la plus originale de découvrir Albi, c’est de partir se promener sur le Tarn en barge, cette barque à fond plat utilisée à une époque pour transporter, cela va sans dire, le vin et le pastel.

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